La collection Sabotage est une représentation du deuil de la petite poupée parfaite. Malmenée, détournée et brisée : elle bascule de la petite figurine candide à la créature malsaine.

Dans cette collection le vêtement devient support pour illustrer et raconter un passé traumatique. Une thérapie vestimentaire. Les tops blancs nommés « Scans Corporels » sont utilisés comme des pages blanches sur lesquelles se dévoile l'histoire de l'artiste par la sérigraphie en prenant l’empreinte de lingerie récupérée et d’objets évocateurs. Ainsi la mode se voit attribuer une nouvelle fonction : un exutoire, un purgatoire dans lequel la créatrice confesse puis exorcise ses tabous personnels en les sublimant. Faire porter le fardeau d’un rôle devenu insupportable à endosser aux autres pour partager la peine et transformer ces souffrances collectives en beauté.

Explorant son enfance afin d’y retrouver les racines du mal, elle accuse les petites poupées, objets à l’apparence féminine mais à la chair inanimée. Devenues à trop de reprises le premier modèle pour la petite fille : comme une soumission consentie. Toutes les petites filles souhaitaient ressembler aux barbies et peut-être que constituer sa garde-robe, c’est esquisser son propre personnage. Qu’en ce sens nous sommes des « fashion victims » nous mettant nous-mêmes dans des scénarios macabres parfois ?

L'armure jean, création phare de NTR, est l'antithèse de ce paradigme et conjure tous les sorts : c'est une tenue de guerrière revenue du combat, aiguisée de ses sens. Elle est la silhouette protectrice et conquérante.